Liste des livres présentés:
La fabrique du monde de Sophie Van Der Linden / Buchet-Chastel
R.U.R. de Karel Capek / La Différence
Sauf les fleurs de Nicolas Clément / Buchet-Chastel
Récits des jours anciens au Bwamu de Bondoukuy de Yézuma Coulibay & Maxime Patry / L'Harmattan (il sera présenté par Maxime Patry)
Haute infidélité de Rosa Beltran / La Différence
Traité politique de Baruch Spinoza / Allia
Concerto pour la main morte de Olivier Bleys / Albin Michel
Le Pèlerin de Fernando Pessoa (conte) / La Différence
Les imprévisibles de Gilles Clément / L'une & l'autre
Rock'n'roll et chocolat blanc de Jackie Berroyer / Nouvelles éditions Wombat
La nostalgie heureuse de Amélie Nothomb / Albin Michel
Je bois de l'eau et je suis saoule de Géraldine Blanc / Bookstory
Nébuleuses de Andréas Becker / La Différence
Arrêt sur images de Ara Güler / Parenthèses
Les impliqués de Zygmunt Miloszewski / Mirobole éditions
La vallée seule de André Bucher / Le mot et le reste
American prophet de Paul Beatty / Passage du Nord-Ouest
Max en apparence de Nathalie Skowronek / Arléa
Eléonore de Colette Lambrichs / La Différence
Un jour par la forêt de Marie Sizun/ Arléa
Exil de Jacob Ejersbo / Galaade
Je tiens à remercier toutes les Maisons d'édition qui m'ont fait parvenir les livres de leurs auteurs.trices. Que serions-nous sans ces découvreurs de talents?
Lors des deux thé & café littéraires consacrés à la rentrée, il m'a été demandé quels étaient mes coups de coeur. Bien difficile à dire car j'ai trouvé cette rentrée de fort bonne qualité. Cependant, j'en ai sélectionné 4. Ce choix est totalement subjectif et ne tiens pas compte du bonheur éprouvé à lire la plupart des 21 livres présentés!!!
Pascal Cottin
Et je me vois là, dans tout ça. Une petite chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l’usine parce que son grand frère entrait à l’université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité.
Aujourd’hui en Chine. Mei, jeune ouvrière de dix-sept ans vit, dort et travaille dans son usine. Elle rêve aussi.
Confrontant un souffle romantique à l’âpre réalité, La Fabrique du monde est une plongée intime dans un esprit qui s’éveille à l’amour, à la vie et s’autorise, non sans dommage, une perception de son individualité.
R.U.R. ROSSUM’S UNIVERSAL ROBOT
Roman de science fiction traduit du tchèque par Jan Rubeš et préfacé par Brigitte Munier.
Le texte paraît en 1920 quand Čapek a 30 ans. Le succès international de cette « comédie utopique » fait de lui l’écrivain tchèque le plus connu. R.U.R. est traduit dans une vingtaine de langues, joué de Tokyo à New-York, de Bruxelles à Tel Aviv.
Rossum, un scientifique génial, invente un robot. Ses successeurs le perfectionnent et la société Rossum’s Universal Robots commence à les produire en masse. Les Robots sont des machines capables de penser qui s’imposent comme force de travail extraordinairement peu coûteuse, productive et sans prétentions, mais manquent de vie spirituelle et de sentiments. Des millions de Robots remplacent progressivement les hommes – et la compagnie RUR gagne des milliards. Les hommes devenus anachroniques et inutiles sont condamnés à l’inactivité et à l’oisiveté. L’humanité tombe vite en décadence, perd sa capacité à se développer, ne procrée plus. Les Robots font les guerres et finissent par se révolter contre leurs maîtres – les hommes. Leur but est de tuer tous les hommes parce que les Robots s’estiment beaucoup plus parfaits et ne veulent plus être commandés par eux.
Marthe vit à la ferme avec ses parents et son frère Léonce. Le père est mutique et violent, mais l’amour de la mère, l’enfance de Léonce et la chaleur des bêtes font tout le bonheur de
vivre.
À seize ans, elle rencontre Florent et découvre que les corps peuvent aussi être doux. Deux ans plus tard, le drame survient. Les fleurs sont piétinées, mais la catastrophe laisse intacts
l’amour du petit frère et celui des mots.
Une histoire bouleversante et charnelle, une langue d’une puissance étincelante : la voix de Marthe, musicale et nue, accompagnera le lecteur pour longtemps.
« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père avec une voix pour m’interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j’étais. [...] Je n’ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d’avant. Je tombe rond ; mon compte est bon. »
« Un premier roman incarné, qui paraît dans la collection Qui vive chez Buchet-Chastel, révèle un écrivain. Un débutant qui joue avec les mots et les émotions. En arrivant à évoquer des choses gra-ves sans pathos et avec beaucoup de force et de poésie. »
Alexandre Fillon. Livres Hebdo. 24 mai 2013« Le titre évoque déjà toute la mélancolie, l’innocence et la douleur aussi de l’enfance. [...] Les mots sortent comme une libération, poignants, justes, tantôt acérés, tantôt enveloppants. [...] Le romancier dit tout du besoin de famille et de gestes d’affection, de la folie des hommes et de la violence conjugale. Le récit est magnifique et saisissant. Les phrases, courtes et ciselées, sans recherche d’effet, font penser à Duras ou à Bobin. Un texte à pleurer de beauté et de sincérité. »
Claire Chazal. Version Femina. 14 juillet 2013« Ce va-et-vient entre la fable et la vie donne au premier roman de Nicolas Clément une partie de son étrangeté. Si tu as l’audace de risquer ce livre, ami lecteur, tu entendras une voix incroyablement différente. [...] C’est un risque, je te dis. Mais un risque bon marché (9 euros), de courte durée (76 p.), souvent bouleversant. Et ça, être bouleversé, on peut dire que c’est un bon risque. Le meilleur que puisse proposer la littérature. »
Raphaëlle Rérolle. Entrée livre.
Burkina Faso
Yézuma Coulibaly, Maxime Patry
Ressources renouvelables et sociétés en transition
ANTHROPOLOGIE, ETHNOLOGIE, CIVILISATION MONDE RURAL, AGRICULTURE AFRIQUE NOIRE Burkina Faso
Cet ouvrage se fonde sur les cahiers rédigés par Yézuma Coulibaly
sur son pays du Bwamu de Bondoukuy, compilés à partir des documents originaux par Maxime Patry. On y trouvera une image très locale des réalités africaines et de leurs répercussions sur la vie
paysanne : depuis les effets rémanents de la grande révolte bwaba de 1915 jusqu'aux impacts écologiques de la culture du coton et des effets des engrais industriels et à ceux provoqués par les
mouvements migratoires.
Auteur : Beltrán, Rosa
Julián, professeur de philosophie, divorcé, a trois maîtresses. Entre la féministe Marcela, devenue éditrice pour atteindre l’idéal féminin que sa mère lui avait inculqué, Silvina qui, déménageant à New York, veut l’entraîner dans sa nouvelle vie d’attachée culturelle et Sabine, l’anesthésiste qui se shoote à l’ecstasy, il ne sait plus où il en est. À chaque fois qu’il fait l’amour avec l’une des femmes, il pense que c’est avec celle-là qu’il devrait faire sa vie. Mais les autres réapparaissent… jusqu’au jour où il se retrouve à l’hôpital, pétri de culpabilité. Qui voit-il à son chevet, se connaissant parfaitement ? Ses trois maîtresses. Avec une drôlerie constante, un regard aigu et moqueur sur les mœurs de ses contemporaines comme du pauvre mâle tombé entre leurs griffes, Rosa Beltrán dresse un portrait hilarant de notre société aux mœurs prétendument libérées.
À Mourava, hameau perdu de Sibérie centrale, Vladimir Golovkine n’a qu’un rêve : prendre le bateau pour Krasnoïarsk, la grande ville en amont du fleuve. Mais faute de pouvoir s’offrir un
billet, c’est un étranger qu’il voit débarquer dans sa vie : Colin, un pianiste raté dont la main droite refuse d’obéir dès qu’il se met à jouer le concerto nº2 en do mineur de
Rachmaninov.
À la frontière du récit et de la fable, Olivier Bleys, l’auteur de Pastel, créé ici un univers poétique où le tragique côtoie l’absurde. Histoire de vodka et de mystère, de musique, d’amitié
entre les hommes, ce livre jubilatoire nous invite à cultiver la joie plutôt que la tristesse.
Olivier Bleys, pour Concerto pour la main morte, figure dans la première sélection du prix Interallié.
Fernando Pessoa
Dans ce récit
initiatique, datant de 1917, le jeune narrateur – le Pèlerin – évoque d’abord sa vie paisible chez ses parents, jusqu’au jour où, alors qu’il contemple la route en bas de chez lui, apparaît un
mystérieux Homme en noir qui lui dit : « Ne fixe pas la route ; suis-la. » Une force mystérieuse le pousse alors à quitter sa maison et à suivre la route. Jusqu’où ?
« Puisqu’il m’avait dit de la suivre et non de l’emprunter jusqu’à un certain point, je devais la suivre sans m’arrêter, jusqu’au bout... » Qui est l’Homme en noir et quel est l’objet
de la quête qui jette le narrateur sur la route ? Comme dans tout conte initiatique, il sera soumis à la tentation et subira diverses épreuves, dont, d’étape en étape, il sortira vainqueur.
Arrivé au bout de la route, quelle sera sa découverte ultime ?
La Différence
Premier livre drolatique de Jackie Berroyer, Rock’n’roll et chocolat blanc offre un témoignage unique sur la scène rock française de la fin des années 1970.
Dans la seconde moitié des années 1970, Jackie Berroyer, alors jeune critique musical à Charlie hebdo et Rock & folk, assiste à l’éclosion d’une nouvelle vague du rock français –Téléphone, Starshooter, Stinky Toys, Marie et les Garçons, Electric Callas, Higelin période électrique... Des groupes aux compositions originales, en phase avec la jeunesse d’alors, qui font écho à l’explosion punk en Angleterre. Le « rock français » deviendrait-il enfin autre chose qu’une pâle copie du rock anglo-saxon ?
De concerts en tournées, Berroyer accompagne les musiciens, évoque la banlieue lyonnaise avec Kent, gratte sa guitare avec Louis Bertignac et emmène le jeune Arthur Higelin, âgé de treize ans, à son premier concert des Buzzcocks. Surtout, il observe les coulisses, se fond dans le public et se mêle aux roadies, pour restituer au plus près l’esprit de cette jeunesse rock pleine d’énergie.
Mais voilà : il faut aussi écrire un livre.
Alors Berroyer digresse, écrit une ode au printemps, va visiter les premiers sex-shops de son quartier et nous narre par le menu son hilarante guerre des nerfs avec la boulangère de son Monoprix. Alternant réflexions sur la musique et anecdotes cocasses, sur le ton d’une confession pleine de drôlerie, il livre un étonnant « autoportrait » de la France de la fin des seventies et de son ébullition musicale.
Témoignage de première main sur le rock de l’époque, Rock’n’roll et chocolat blanc ravit surtout par sa propre « petite musique » – ce ton complice, plein d’humour et d’autodérision, qui fait tout le charme de l’auteur.
Ce roman n'est pas une histoire.
L'histoire qu'il conte ne compte pas, elle est juste prétexte à l'écriture. Elle est comme trop d'histoires, elle en devient banale.
Ce roman est un instantané, une succession de photographies du mouvement de nos pensees. Il s'attarde sur ce flux continu qui tourne en boucle dans nos têtes jusqu'au vertige. Il croque l'émotion de l'instant, le trop plein, le pas assez, il cherche à mettre en mots la relation à l'autre, le désir dévorant et la difficulté de se dire, il tourne sur lui-même comme on ressasse les mêmes réflexions, jusqu'à les assimiler, jusqu'à les user, jusqu'à s'en dépouiller.
Ce récit est un étourdissant voyage dans la vie d'une femme tenaillée par
le refoulé, l'angoisse d'être et l'incroyable quotidien de "l'I!nstI!tutI!on". Voilà un livre neuf, original et
prodigieusement emballant, à découvrir aussitôt que possible!
Jean-Pierre Gayerie - Livres Critique
Après une entrée en littérature remarquée en 2012 pour son premier roman
L’Effrayable, véritable défi à la langue, plus de 40 ans après les chocs en rafale des parutions de Pierre Guyotat,
Andréas Becker, de langue maternelle allemande, publie son deuxième roman Nébuleuses. Ce deuxième voyage, bien
que d’une lecture beaucoup plus accessible au commun des lecteurs, n’est pas sans prolonger le choc du
premier roman.
Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation
Becker se joue de la langue et de ses normes pour mieux servir son récit.
Au-delà de simples effets de styles, il réinvente un langage propre à l'univers dans lequel il nous plonge. Le rythme de sa
prose règle notre lecture.
La forme révèle le fond.
Pascal Cottin - ActuaLitté
Andréas Becker ne joue pas la partition des explications « psy et
canaliste », il prend le parti du fait, douteux, mais brut. Il demande à son lecteur de se décentrer, d’accepter de nager, d’avant en
arrière, de prolepses en réminiscences, de se laisser entraîner par la vague d’un délire qui balaie tout sur son
passage. Toute la tendresse de Nébuleuses se situe précisément dans cette invitation.
Aïnhoa Jean-Calmettes - mouvement.net
Que vous dire de plus sur Nébuleuses que ce que j'ai écrit sur ActuaLitté? Peut-être que, si vous n'avez pas encore entendu parler d'Andréas Becker, cela ne devrait pas tarder. Une langue pareille ne peut pas rester... muette.
Arrêt sur images, d'Ara Güler
éd. Parenthèses, coll. Diasporales, septembre 2013, 17 €
Arrêt sur images permet de découvrir une partie du travail d’Ara Güler, photographe d’Istanbul né en 1928.
Petit ouvrage d’à peine 90 pages, ce livre se compose de dix nouvelles et d’une vingtaine de belles photos, en noir et blanc, de différents quartiers d’Istanbul (et une de Sivas).
Traduites de l’arménien par Alice der Vartanian et Houri Varjabédian, ces nouvelles sont d’un niveau inégal. On a toutefois apprécié Arrêt sur images pour son réalisme, La pêche aux loups pour son humour et Longtemps après Babylone pour son brin de folie.
La parution de ce live donne l’occasion de saluer la collection Diasporales des éditions Parenthèses qui, à leur manière, œuvrent depuis Marseille en faveur de la transmission de l’histoire et de la culture arméniennes./.
Zygmunt Miłoszewski, né à Varsovie en 1975, est une étoile montante de la fiction polonaise. écrivain, journaliste et scénariste, il fait ses débuts en 2005 avec un roman d’horreur remarqué, Interphone.
Les Impliqués (2007) a été adapté au cinéma en Pologne et a remporté le Prix du Gros Calibre récompensant le meilleur polar de l’année. Ses romans ont été traduits dans 9 pays. Mirobole éditions publiera en 2015 le deuxième volet des enquêtes de Teodore Szacki, Un fond de vérité.
Bibliographie
2005: Interphone
2007: Les Impliqués
2011: Un fond de vérité
«Dans leur combat pour l'égalité, les Noirs ont tout essayé. Nous avons imploré, nous nous sommes révoltés, nous avons joué les amuseurs publics et épousé des Blancs. Pourtant, on continue à
nous traiter comme de la merde. Rien ne marche, alors pourquoi subir une mort lente ? La petite annonce dans le journal du dimanche disait : "Cherchons négro démago capable de guider peuple
opprimé jusqu'à la Terre promise. Rémunération selon expérience. Débutants acceptés." Étant poète, et donc expert en techniques de coercition de l'âme noire par les sentiments, j'étais on ne
peut plus qualifié pour le poste.
À cette époque, tout le monde m'écoutait - des intellos aux clodos en passant par la coterie des politicards -aussi, vingt-deux millions d'âmes en déshérence m'ont promu manipulateur à plein
temps et père adoptif d'une ethnie à l'abandon. Les nègres ont alors déferlé sur Hillside, scrutant le smog californien dans l'attente d'un signe annonciateur, et l'Histoire a ajouté mon nom
à la bande des messies déjantés qui répondent présent à l'appel de Satan : Jim Jones, David Koresh, Charles Manson et le général Westmoreland. Toute la bande et puis moi. Les pages qui
suivent constituent mes mémoires.»
Gunnar Kaufmann est noir. Et rien dans cette assertion ne le prédisposait à devenir le porte parole, le prophète, de la communauté noire des USA. Élevé dans un riche quartier blanc de Santa
Monica, il ne sait pas très bien ce que signifie d'être noir dans ce pays. Sa mère décide alors de déménager dans un ghetto pour redonner des valeurs à ses enfants.
Et si Gunnar a tout d'abord du mal à trouver sa place, il fait vite des rencontres fondatrices. Se révélant basketteur de talent et formidable poète de rue, il devient rapidement un élément
crucial du quartier.
Sur un rythme effréné, Paul Beatty nous entraîne sur les traces de ce jeune homme hors du commun, personnage impressionnant et rassembleur. Grâce à une prose tout à la fois poétique, violente
et criante de vérité, la lecture de ce livre est une plongée en apnée au coeur des contradictions de cet étrange pays que sont les États-Unis d'Amérique.
Epopée gangsta autour d'un leader illuminé de la communauté afro-américaine, le premier roman de Paul Beatty, paru aux Etats-Unis en 1996, piétine avec jubilation les stéréotypes
racistes...
Dans American Prophet, Beatty piétine allégrement le politiquement correct. Dans une langue slammée et bouillonnante, scandée de «Nègres» et autres «Négros», l'écrivain, passé par la poésie,
déchiquète les clichés racistes et l'hypocrite bonne conscience avec la même jubilation. Il joue aussi avec les grandes figures de la culture afro-américaine - Richard Pryor, Chester Himes -
pour mieux s'émanciper d'une identité assignée d'office à sa couleur de peau. Un roman exubérant, drôle et salutairement dérangeant. Tout, sauf noir.
Comment être noir, et «à quel point», non seulement parmi les Blancs mais parmi les Noirs ? American Prophet (le titre américain original est The White Boy Shuffle) se présente comme
l'autobiographie d'un garçon black de Los Angeles, élevé avec ses soeurs par sa mère «comme le butin d'un âpre divorce» et passant par divers quartiers et leur environnement social propre avant de devenir malgré lui «leader noir»...
La première phrase du livre est : «Ce boulot de messie est une plaie.» Gunnar Kaufman, le narrateur, a d'indéniables compétences en poésie et en basket mais a du mal à se retrouver à sa bonne place...
Le roman repose sur les clichés prêtés aux Noirs, l'écriture en est on ne peut plus distanciée et le ton à la fois violent et comique. Le slam est une des influences de Paul Beatty.
Livre Culte à ne pas laisser passer! Entre hilarité et tragique, fantastique...
En apparence, Max avait laissé Auschwitz derrière lui.
Une histoire ancienne qui avait fini par s’effacer, comme dans mon souvenir le numéro tatoué sur son bras qu’enfant je connaissais par cœur, et que j’avais pourtant fini par oublier.
Mon grand-père Max était à présent un homme d’affaires qui, associé à Pavel, son vieil ami des camps, trafiquait par-dessus le mur de Berlin pour alimenter la nomenklatura d’Allemagne de l’Est en produits de luxe et marchés divers. Tout aurait été pour le mieux, Max vivant au milieu de sa cour, si ce départ pour Berlin (qui avait été il n’y a pas si longtemps le cœur de la machine de mort) ne s’était fait au prix de l’abandon de son épouse et de sa petite fille, restées à Liège.
En apparence seulement.
Car Max chaque matin faisait le tour du zoo de Berlin, avec dans ses poches ses pilules, et un petit sac de diamants.
Bruxelles, ville
provinciale, métropole européenne, est un noyau qui fermente. Ici, le noyau devient un nœud. Entre les fils mêlés de cette pelote mobile, Éléonore a joué sa vie.
Comédienne, elle aura
joué tout, mais elle l’aura joué à tour de rôle. Avant de quitter la scène, partagée entre tant de points cardinaux, tant de forces contraires, telle Bruxelles, Éléonore affronte le dernier acte
avec ceux qu’elle aime, en organisant le théâtre d’une représentation finale. L’actrice désire voir, à son tour, le spectacle de la comédie que chacun joue naturellement, croit-il, elle qui sait
que rien n’est naturel.
Qui tire
les ficelles et les fils de la pelote ? Chacun ? Personne ? Éléonore, la comédienne qui qui n’a pas même entendu le secret de son nom : Elle est au
nord.
1er Mille
Qu’est-ce qui pousse Sabine, petite élève de 5e, solitaire et rêveuse, à ne pas se rendre en classe,ce matin de printemps ? Pourquoi décide-t-elle ce jour-là de faire l’école
buissonnière, et d’aller à la découverte d’un Paris qu’elle ne connaît pas très bien et qui l’a toujours fascinée ?
Ce n’est pas seulement pour échapper au rendez-vous que la prof de français, excédée par son désintérêt, a fixé à sa mère.
La fuite de Sabine parle de honte et d’incompréhension.
Honte de sa mère, qu’elle sent ne pas correspondre à l’image qu’on se fait d’une mère attentive, soucieuse de la scolarité de son enfant ; mais aussi honte de son milieu social où la culture reste un mot opaque, presque hostile. La petite prend soudain conscience que ce monde du lycée lui est fermé, comme il l’a été aux siens.
Mais, au cours de sa journée vagabonde, bien des choses vont changer pour elle. Le hasard d’une rencontre lui fera découvrir le trésor qu’elle porte en elle et qui ne demande qu’à être révélé.
Fille d’immigrés britanniques, Samantha grandit à Tanga près de l’océan, entre un père ancien agent des forces spéciales, qui loue désormais ses services aux despotes locaux, et une mère qui
s’abîme dans l’ennui et l’alcool. Arrivée à trois ans en Tanzanie, Samantha ne connaît pas son pays natal. Blanche et habituée à fréquenter les lieux privilégiés des occidentaux et des riches
africains, elle parle le swahili et côtoie les Tanzaniens. Adolescente, son corps et ses désirs sont ceux d'une femme, mais ses parents et ses professeurs la voient encore comme une enfant.
Samantha ne trouve sa place nulle part. Livrée à elle-même, elle risque sa peau dans les premiers apprentissages du sexe, de l’alcool et de la drogue. Où peut-elle aller, elle qui n’appartient à
aucune terre – sinon vers l’inéluctable..
Avec Exil, Jakob Ejersbo dresse un tableau sombre du vécu immigrant Nord-Sud en même temps qu’un portrait sans concession de l’Afrique postcoloniale. Dans la lignée de Conrad, il
est le peintre du côté obscur de la nature humaine. Son œuvre fait la part belle aux personnages déracinés, exilés, marginalisés, mais toujours porteurs d’un sentiment d’humanité et d’espoir en
l’avenir.
À travers le destin d’expatriés en Tanzanie, et l’incommunicabilité des êtres qui pousse à la dérive, sa monumentale trilogie sur l’Afrique intercontinentale traite notamment du difficile passage
à l’âge adulte.
« On pense à un Larry Clark en Afrique. » – Livres Hebdo
« La prose d’Ejersbo est une expérience captivante. Sans relâche et avec une poigne quasi vicieuse, il met à nu le mal fait à une jeune fille et à un continent. » –Berlingske
Tidende
« Jakob Ejersbo porte son récit à de tels sommets qu’il nous semble parfois entendre les écrivains danois Karen Blixen et Michael Strunge murmurer à l’arrière-plan. Du punk aristocratique ! […]
Une œuvre à la fois visionnaire et virtuose – une sorte de mobile dont les éléments s’assemblent et se séparent, tout en s’éclairant mutuellement. » – Le Courrier
international
« Dans la lignée d’aussi prestigieux écrivains de l’Afrique qu’Hemingway, Conrad ou Blixen. » – Politiken
« Ejersbo est par excellence un portraitiste de la crudité et de l’inexorable. » – Flensborg Avis
EN PLUS DE MOTS :
« Au début de l’été 2007, Jakob Ejersbo m’a remis la première version revue d’un manuscrit pour les éditions Gyldendal, une œuvre qu’il avait projetée d’écrire dès sa tendre jeunesse et à
laquelle il avait travaillé quasiment depuis qu’il avait publié en 2002 son romanNorthern Powers.
Le nouveau manuscrit était composé de deux tomes : un roman, Liberty, et un recueil de nouvelles, Révolution.
Un mois plus tard, Jakob et moi, on se retrouva ensemble quelques jours pour relire page à page le manuscrit. Nous avions déjà décidé d’un commun accord de diviser le recueil de nouvelles en
deux, c’est-à-dire de prendre un des récits du recueil, Exil, et de le publier à part. Nous étions aussi d’accord pour que la rédaction de l’ensemble du manuscrit soit terminée
courant 2008, avant de commencer la publication. […]
En septembre 2007, il lui fut diagnostiqué un cancer, et il s’ensuivit des traitements extrêmement lourds, à la fois sur le plan physique et psychique de sorte que son travail ne put suivre le
plan prévu au départ, […].
Au début de juillet 2008, environ une semaine avant qu’il meure, j’ai parlé au téléphone avec Jakob, et nous nous sommes mis d’accord sur l’ordre de la publication :
[…] Exil et Révolution, devaient paraître d’abord etLiberty en dernier, […], avec de grands intervalles entre chaque ouvrage publié. » – Février
2009, Johannes Riis
Exil est le premier volume de la trilogie inspirée à Jakob Ejersbo par son enfance en Afrique. Galaade publieraRévolution, suivi de Liberty, en 2014 et 2015.